Victor BRAUNER (1903-1966) - Lot 127

Lot 127
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Victor BRAUNER (1903-1966) - Lot 127
Victor BRAUNER (1903-1966) Tête, 1955 Aquarelle et gouache sur papier entoilé Signé des initiales et daté 21.VII. 1955. en bas à gauche 49 x 63,5 cm Nous remercions Monsieur Samy Kinge d'avoir aimablement confirmé l'authenticité de cette oeuvre par email. Pierre Dumayet a publié son texte « Brauner le vertige », daté d'avril 1987 pour introduire le catalogue de l'exposition intitulée « Formes Rituelles II » au Centre d'Art Contemporain au Château de Tanlay. Je crois que c'est Victor Brauner […] qui n'a cessé de peindre ou de dessiner son propre regard. Car le regard pour lui n'était pas cette action transparente que nous commettons si couramment pour un oui pour un non. Voyez comme parfois les yeux durcissent : chez certains personnages, ils sont devenus des cornes. Des yeux pour se défendre et, naturellement, pour attaquer. Un regard qui encorne ne se laisse pas approcher facilement. "Je peins l'état de celui qui regarde à l'intérieur d'un être et qui en a le vertige" L'hermétisme ouvre, l'apparence ferme. Victor Brauner créait des "objets de défense", des modes d'emploi du jour et de la nuit. Il a raconté l'histoire d'un homme qui, dos au mur, essaie continuellement de changer de conversation. Toutes ses oeuvres sont des projets de discours destinés à convaincre l'adversaire. En ce sens, sa peinture est intime: il ne veut pas être intimé. Regarder ses oeuvres, c'est être aidé. Si j'osais paraphraser un mystique du douzième siècle que je ne connais que par ouï-dire, je dirais: "Il a coloré ma terre ». On pourrait ajouter que Victor Brauner a fait de la réalité ce que René Char dans un poème "illuminé" (1) par lui dit de l'alouette: "Fascinante, on la tue en l'émerveillant". Je n'ai pas parlé de l'oeil véritable de Victor Brauner. On sait qu'en 1938, séparant des amis qui se battaient - nerveusement dit-il - il eut un oeil crevé. On sait que faisant des années plus tôt, son autoportrait, il s'était représenté borgne. Le prémonitoire l'obsédait. Ses amis ont pu vérifier qu'il n'avait pas tort, à la fin. Un dessin qu'il intitula "la Mort" représentait un cercle actionnant un marteau. Durant la semaine qui précéda sa mort, l'E.D.F. creusait une tranchée le long, rue Lepic, de l'immeuble où il habitait. Les marteaux-piqueurs, comme les Femmes dans Pélléas, annonçaient la Fin. Une démarche amicale obtint le silence des perceuses. Ce silence retrouvé fut le premier hommage rendu à Victor Brauner mourant, à Victor Brauner mort. L'oeuvre que nous présentons dans cette vente est clairement inspirée de l'art primitif. En 1954, lorsque Sarane Alexandrian publie la première monographie de Victor Brauner, « l'Illuminateur », Pierre Dumayet invite les deux hommes dans son émission télévisée, « Lecture pour tous ». C'est à ce moment-là que Victor Brauner commence à collectionner les arts extra européens. Mais pour Victor Brauner si ces objets lui servent sur le plan esthétiques, il n'y a pas d'influence directe, mais plutôt une familiarité et une fraternité dans les démarches créatrices, Carla Severi parle alors d'un primitivisme sans emprunts ( « L'empathie primitivisme », Images Re-vues, hors série 1, 2008). Ainsi en 1961 Brauner affirme à Françoise Dumayet qu'il n'y a « pas de création de formes nouvelles » dans l'émission Terre des Arts. A propos de ces arts extra-européens, Victor Brauner confiera aussi à Pierre Dumayet peu de temps avant de mourir, lors de l'émission « Lecture pour tous », diffusée 26 janvier 1966 : « ce sont les civilisations qui m'ont plagié, alors je les ai acceptées très fraternellement dans ma collaboration ». (voir Noémie Fillon, les cahiers de l'Ecole du Louvre, n° 14, 2019, « Rejoindre les civilisations », Victor Brauner et sa collection d'art extra européen). Cependant, selon Didier Semin, historien d'art, ce dernier précise concernant cette oeuvre dans un courriel adressé récemment à la famille : "Le tableau de Brauner correspond exactement, du point de vue date, avec les premiers achats d'art océanien et africain faits par Brauner. Il y a des rapports formels [...]. Le masque africain Songyé dont je joins la photo n'était pas dans la collection Brauner [...], [mais son style] doit, en revanche, avoir été une source d'inspiration pour ce tableau. " Inspiré ou non par l'art africain, Victor Brauner nous offre une vision très personnelle de son art dans ce portrait d'une grande force expressive et au regard vivant entre ces deux colonnes (inspiration de l'Antiquité?) qui structurent cette composition aux couleurs éclatantes.
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