Paul Desiré Trouillebert (1829-1900), Les Saules au bord du Cher, huile sur toile signée, 33,5 x 34 cm. Estimation : 8 000/10 000 euros. Barbizon, dimanche 1er juillet. Le XIXe siècle voit l’émancipation du paysage, revendiquée par les peintres dès la fin du siècle précédent. Pierre Henri de Valenciennes s’est ainsi battu pour que le genre, longtemps considéré comme mineur, acquière une place majeure dans la peinture. Peignant à l’huile d’après nature, il partage les résultats de ses observations dans un traité qui fera date. Publié en 1800, ce dernier disserte en effet “particulièrement sur le genre du paysage”. Il y étudie notamment les effets combinés de l’ombre et de la lumière, une “science profonde puisée dans la nature”. Si les peintres néoclassiques ont adopté une nouvelle approche, ils rechignent néanmoins à se détacher du paysage historique, traditionnellement exposé au Salon. Pourtant, une révolution est en marche, à laquelle les romantiques vont donner un coup de pouce. La figure humaine va ainsi progressivement disparaître des toiles – et ces dernières, de moins en moins retravaillées en atelier, gagneront en sentiment. Considéré comme l’artiste sans doute le plus polyvalent de Barbizon, Corot parvient à concilier les leçons de sa formation académique et une liberté d’expression nouvellement acquise. Ses études sur le motif témoignent de son talent à reproduire la première impression ressentie devant un paysage. N’appartenant à aucune école, il fera cependant de nombreux émules, tant la spontanéité de sa touche séduit. Paul Desiré Trouillebert n’a pas échappé à l’aura du maître, comme le montre notre toile, dont les tonalités grises et les transparences ne sont pas sans évoquer les bords de rivière éclairés d’une douce lumière par le peintre de Ville-d’Avray à la fin de sa vie. On se souvient qu’un tableau de Trouillebert, vendu en 1883 pour un Corot à Alexandre Dumas fils, défraya la chronique... Une publicité élogieuse pour notre artiste ! LA GAZETTE DE L’HÔTEL DROUOT – 29 JUIN 2012 – N° 26